ça faisait longtemps... [Feat Emilia]

Admin Messages : 36 Date d'inscription : 05/06/2019

Warren était rentré tard dans la nuit, peut-être 4 ou 5 heures du matin. Il était évidemment accompagné de l’un de ses partenaires préféré, Julian, un jeune homme qui savait s’amuser sans se prendre la tête. Il se droguèrent après une soirée déjà bien arrosée et allèrent se distraire dans la maison du charlatan. Il devait être 6h environ lorsque Warren se réveilla, étalé sur le tapis comme une crêpe, seulement entouré d’un drap. Il se redressa avec difficulté, la bave aux lèvres, des cernes tirés jusqu’aux joues. Julian ronflait allègrement dans le lit, il le contempla quelques instants en soupirant, titubant jusqu’à la cuisine. Il n’avait absolument pas décuvé de la veille, nauséeux et étourdi, il passa un long moment à contempler un bout de pain sur la table à manger. Hm non, il mangerait plus tard. Enfin voilà quelques jours qu’il se disait ça, mais il avait perdu l’appétit depuis quelques temps.

Mais pas son gout de l’alcool et de la fête malheureusement. Mais même maigre et affaibli, le jeune homme restait un bon vivant. Il avait des bleus sur une pommette et le ventre, mais ça c'était parce qu'il avait légèrement provoqué quelqu'un aux cartes la veille. Rien de très important, puis ça lui donnait un air bad boy. Julian lui avait dit que c'était classe. Il enfila un simple débardeur et un pantalon noir, attrapant une cigarette. Il s’installa sur le porche de sa maison, s’asseyant sur les dalles pierreuses envahies de hautes herbes. Une brise chaude lui caressait le visage et ses cheveux bruns bouclés qui commençaient à lui tomber sur les épaules. Ses yeux noisette contemplaient d’un air circonspect l’immense champ de blé qui s’étendait à perte de vue. De nombreux drones le survolaient, ainsi que divers engins qui parcouraient les agricultures en vrombissant. Il tira une bouffée de fumée, levant les yeux vers le ciel un peu orageux, parsemé de trainées rosâtres et orangées. Le vent faisait battre les rideaux orientaux qui couvraient ses portes et ses fenêtres.

Hm. Il se sentait las. Malgré tout l’argent qu’il pouvait amasser, cette demeure qu’il avait reconstruite, tous les objets de collections en tout genre qui s’entassaient sur le sol et les étagères, la drogue, l’alcool, les livres, les cartes, le sexe, il n’arrivait pas à combler. Il y avait un vide en lui, plein de désir et de hargne de vivre qui grandissait chaque jour un peu plus. Et tout ce qu’il pouvait faire, c’est prendre encore plus. Toujours chercher de la distraction, du danger et de l’amour là où il n’y en avait pas. Il était un éternel inespéré et inassouvi, seul dans sa bulle. Pourtant, surtout en ce moment, il se rendait compte qu’il n’avait aucun but. Son avenir était aussi vide de sens que son présent et tout ce qu’il faisait lui paraissait toujours plus absurde. Il ricana en grommelant. Ha, l’alcool qui lui broyait les cellules grises n’aidaient pas son esprit à ne pas tourner en bourrique.

Il caressa les pierres froides d’un air distrait, suivant des yeux un rapace qui survolait le champ doré. Il se sentait un peu seul, malgré tous les gens qui pouvait l’entourer. A l’époque, il y avait bien une personne qui pouvait combler tout ça. Qui le faisait se sentir un peu plus qu’un misérable être faible et pathétique. Mais elle n’était plus là aujourd’hui, elle n’était plus là depuis longtemps. Peut-être qu’il ne devrait pas, mais au fond il lui en voulait d’avoir disparue de sa vie. De n’être plus qu’une image photographique sur une cheminée. Ho non elle n’était pas morte, elle s’était simplement envolée. Et c’est ce jour-là précisément qu’il n’aurait jamais pensé la revoir. Il baissa les yeux, plissant les paupières dans le soleil.

Sa silhouette familière parcourant le chemin terreux qui traversait le champ de blé. Ce même chemin qui menait jusqu’à chez lui. Warren se redressa précipitamment, lâchant sa cigarette. Il y avait bien quelqu’un, brouillé par la lumière. Des cheveux rouges, un visage pointu, une silhouette forte, il n’y avait aucun doute. Il écrasa sa cigarette du pied, se mettant à marcher dans sa direction d’un pas semi assuré. Il accéléra alors que son visage se distinguait plus nettement, se découpant dans l’environnement doré. Il esquissa son pâle sourire sarcastique habituel en soufflant d’une voix rauque

- Bon retour, Emilia ! ça fait un bail !

Messages : 14 Date d'inscription : 27/06/2019

Long time no see...

Une année.
Une longue année de vigilance continue, d’immersion au sein du monde où évoluait son ennemi mortel. Une année passée les nerfs à vifs, dans un corps qui n’était pas le sien, à mobiliser toute l’étendue de sa science et de son pouvoir nuit et jour. Une année qui l’avait vidée de toutes ses forces et qui s’était soldée par un compromis dont elle n’était qu’à moitié satisfaite. Après un an, elle avait enfin pu regagner l’extérieur du mur. Elle avait enfin pu arpenter à nouveau les rues poussiéreuses du bidonville, entendre les murmures qui s’élevaient sur on passage. Un an, et enfin elle retrouvait sa véritable apparence, et retournait auprès de la seule personne sur laquelle elle comptait – même si elle n’attendait pas grand-chose de cette personne à l’heure actuelle, sachant pertinemment dans quel était elle allait la retrouver.

Elle avait utilisé le peu de force qui lui restait pour se camoufler parmi les blés, son corps liquide reflétant l’ombre des longues tiges qu’elle sentait caresser son armure argentée, la couvrant alors qu’avec la furtivité d’un fauve, elle se glissait silencieusement jusqu’au sentier bien connu. Elle était attentive au son des drones qui la survolaient sans la remarquer - même le son de ces saloperies lui avait manqué. Au loin, elle distinguait la maison où vivait Warren. Reprenant forme humaine alors qu’elle foulait le sentier, son corps métallique miroitant sous les premiers rayons du soleil. Peu à peu, ses traits reprirent forme et ses yeux scrutaient déjà par les fenêtres. Elle poussa un long soupir de soulagement. Si elle avait repris cette forme quelques fois durant ces derniers mois, ce n’était pas de gaieté de cœur : les … circonstances l’y avaient obligée. Elle jeta un coup d’œil à la longue cicatrice effilée qu’arborait maintenant son épaule, souvenir d’une balle de plomb et d’yeux couleur de rouille. Mais en ce jour, rien ne la pourchassait. Elle sentait le poids des derniers mois glisser de ses épaules alors qu’enfin, elle pouvait évoluer dans un corps qui ne mettait pas sa santé en danger.
Il ne lui fallu que peu de temps pour repérer la tête qui, par la fenêtre, l’observait d’un air ébahi. Elle se retint de sourire en voyant l’effroi dans le regard de son vieil ami. S’approchant d’un pas tranquille, elle le laissa tituber jusqu’à elle.
Si prévisible.
Il lui souhaita un bon retour, l’odeur de l’appréhension montant déjà aux narines d’Emilia.
- T’as une sale gueule. Qu’est-ce que t’as foutu pendant tout ce temps ? Répondit-elle sans plus de cérémonie, le toisant en faisant l’inventaire des hématomes qu’arborait son corps plus maigre que jamais.

Derrière la dureté de son ton se dissimulait l’inquiétude et la lassitude – la culpabilité aussi. Elle n’avait pas aimé le laisser derrière elle, et elle avait visiblement raison. Warren était toujours aussi infoutu de se défendre visiblement et elle savait qu’elle allait devoir faire du ménage derrière lui. Mais pour le moment, elle était juste épuisée et agacée – voir Warren dans cet état n’arrangeait rien. Elle savait qu’il remarquerait bien vite son propre état qui laissait à désirer. Entre les nouvelles cicatrices, les joues creusées et les yeux enfoncés, Emilia faisait peur à voir – plus que d’habitude, ce qui était beaucoup dire. Elle avait l’impression d’avoir pris un coup de vieux comme jamais auparavant et s’inquiétait déjà du temps qu’il lui faudrait pour récupérer et passer à la prochaine étape de son plan.
Après tout… Elle ne pourrait pas laisser l’objet de sa mission à l’intérieur d’Illustrious bien longtemps. Et elle aurait besoin de Warren pour la suite.

***

Awful

Admin Messages : 36 Date d'inscription : 05/06/2019

Warren grommela légèrement, levant les yeux au ciel. Eh bien, quel accueil ! n’était-elle pas heureuse de voir son bon vieux Warren ? Oh il ne lui en voulait pas, il savait que sa manière d’exprimer sa joie était… Bien à elle. Le jeune homme cilla doucement sous son regard sévère et un peu médisant. Il lisait dans ses prunelles que ce qu’elle voyait n’était pas beau à voir. Et ça ne lui plaisait pas. Quelques années auparavant, il aurait ressenti de la honte, ou de la culpabilité, devant les yeux de cette personne chère qui l’estimait. Son apparence avait beau être meurtrie et décrépit, il n’en restait pas moins le même. Il l’avait toujours été. Il avait attendu patiemment son retour. En réalité, il pouvait très bien se débrouiller seul, mais il ne le voulait pas vraiment. Il trouvait ça amusant de faire subir toutes sortes d’inepties à son corps et Emilia n’était pas là pour l’en empêcher. Warren était un éternel inassouvi excentrique, que voulez-vous…

Il la toisa à son tour, la regardant un peu de haut avec son éternel sourire en coin. Hmpf, elle pouvait bien le critiquer mais elle n’était clairement pas au top de sa forme non plus. Nouvelles blessures de guerre, les joues creusées… Bon au moins elle n’avait pas perdu son regard triomphant et ses muscles. Juste là, comme elle le regardait, il avait l’impression qu’elle allait l’étrangler. Elle devait être énervée de le voir comme ça… Il craignait presque la baffe venir. Elle l’avait toujours vu comme un gamin irresponsable qui ne savait pas se protéger seul, mais elle n’avait pas si tort. Sans protection physique, Warren était faible. Son pouvoir l’aidait énormément mais malgré sa puissance, il n’était pas protégé contre un bon coup de poignard. Ou des mains d’un partenaire un peu trop exigeant.

-Tu n’es pas mieux, tu as pris des rides.

Se moqua t’il doucement, s’approchant un peu d’elle en lui donnait une pichenette sur le front. Après quelques instants à l’observer, il lui claqua une bise tendre sur le front en rigolant légèrement. Manifestant sa joie de la revoir. Car oui, il avait un million de questions sur tout ce qu’il s’était passé pendant une année entière. Une année où il avait dépéri d’inquiétude, sans aucune nouvelle. Alors il était heureux, mais son cœur battait trop vite à son gout. Le pale fantôme qui avait en face de lui était loin de l’Emilia qu’il avait connu. Elle n’était qu’une silhouette, il leur faudrait un peu de temps certainement pour revenir à la normale.

-Tu m’as manqué idiote… Sérieusement, t’étais passé où ? J’aurais eu le temps de mourir dix fois avant que tu ne reviennes !

Il avait dit ça en ricanant, esquissant un sourire sarcastique, mais ses yeux étaient emplis d’interrogations et de désarrois. Il tombait à genoux face à un retour si soudain et si inattendu. Il en avait perdu la parole, mais il ne démordait pas de son vieux sourire. Il se racla un peu la gorge, se détournant en avançant un peu sur le chemin en direction de la maison. Il grommela d’une voix un peu lasse, mais d’un ton bas, comme pour lui-même « Partir comme ça, sans donner de nouvelles… Un coup de téléphone c’était trop demandé ? »
Haha… Il ne se pensait pas si superficiel… Mais il restait un mi-homme. Il sentait une étrange rancœur lui enserrer les entrailles. Une sensation d’avoir été abandonné, d’avoir été mis de côté pendant longtemps. Comme un vieil objet qui prend la poussière. Mais il n’était pas sa mère après tout, il n’avait aucun droit sur elle. Elle avait fait surement ce qu’il fallait de son point de vue. Une mission qui demandait de laisser sa vie de côté.

Il rentra dans la maison, toujours autant en bazar. Il n’avait pas attendu sa réponse, elle lui donnerait en temps voulu alors autant ne pas trop se presser. Pas grand-chose n’avait bougé en 1 an, tout était devenu un peu poussiéreux. Les tapis, les étagères, les armoires à collection, les cadres. Seules quelques vieilles photographies s’étaient rajoutées ici et là. Il se dirigea vers la cuisine à pas faussement détendu. Elle était autant dérangée que le reste, avec de la vaisselle amoncelée, des verres et des bouteilles un peu partout, des vieux paquets de céréale et même des seringues. On n’arrêtait pas le progrès. Il posa les deux mains sur le comptoir en inspirant profondément

-Hem…Tu…Veux quelque chose ? A manger ? Un café ? excuse-moi, mais tu me ressembles en pleine décuvée, et je t’assure, c’est pas un compliment !

ça faisait longtemps... [Feat Emilia]

Messages : 14 Date d'inscription : 27/06/2019

Long time no see...

Une immense fatigue s’abattit sur elle à l’instant où elle atteignit le sentiment de sécurité relative qui accompagnait ces lieux et la personne de Warren.
Toutes ces questions auxquelles elle n’avait pas envie de répondre. Toutes ces questions qui ravivaient la culpabilité et la souffrance vécue pendant toute une année. Oui, elle avait vieilli. Son corps semblait privé de toute force vitale, n’étant plus que l’ombre de ce qu’il avait été. Même son regard, habituellement ardant, semblait éteint. La pluie s’était abattue sur la montagne toute-puissante qu’était Emilia, il neigeait sur son cœur et ses yeux étaient recouverts d’une pellicule de givre.
Elle fut incapable de répondre au geste de tendresse de son ami : cependant, son corps sembla immédiatement glisser hors de sa posture rigide, se dégonflant comme un ballon. Le suivant en silence, réfléchissant à ce qu’elle pourrait bien lui dire, elle ne prêta même pas attention au dépotoir qu’était devenu le manoir. Une situation pas si inhabituelle à vrai dire, et d’autres choses la troublaient davantage. L’agacement avait très vite fait place à un abattement total qui ne ressemblait certainement pas à Emilia – son regard inerte se posait sur Warren mais peinait à le voir derrière le voile flou qui s’était abattu sur lui.

Elle secoua la tête, se contentant de demander un simple verre d’eau. Elle n’avait pas d’appétit pour quoi que ce soit d’autre.
Elle se retrouva vite assise dans un fauteuil, les bras posés sur ses genoux, son corps appuyé de tout son poids comme s’il ne pouvait plus tenir droit. Le contre-choc se faisait de plus en plus sentir. Ses muscles exsangues peinaient à la soutenir alors qu’elle tentait de garder un semblait de maintien devant Warren – elle le sentait déjà bien trop inquiet.
Elle resta là un long moment, parfaitement immobile, les yeux rivés vers le vide, suivant seulement du regard la poussière qui chatoyait dans les rayons du soleil filtrant par les volets mi-clos. Etrange sphinge songeant à son énigme, elle était aujourd’hui pourtant celle qui était questionnée.
Elle se râcla la gorge, une veine au niveau de sa tempe pulsant douloureusement alors qu’elle s’apprêtait à parler.
« Il y a un an j’ai… J’ai fait une découverte ». La voix traînante, elle peinait à trouver ses mots.
« Le genre de découverte qui t’aurait fait tuer si je t’en avais parlé. » Faible tentative de se dédommager – elle savait pourtant que le mal était fait.
« Après l’échec de mes dernières missions j’avais commencé à soupçonner quelque chose… Je savais que j’étais surveillée. Pire encore : mes actions étaient anticipées. J’en suis donc venue à la conclusion que le gouvernement bénéficiait d’un moyen de me traquer hors des murs et de surveiller toute tentative de soulèvement. C’est à sa recherche que je suis partie. »
Il y avait une deuxième partie à l’histoire de cette découverte – mais elle se donnait un peu de temps avant de la conter. C’était toujours douloureux.

***

Awful