Les vérités pas bonnes à entendre [Apollon / Newton]

Apollon était rentré de chez Warren. Il avait tenté de paraitre le plus neutre possible mais la pilule était plus dure à avaler qu’il ne l’avait pensé. Des mensonges. Et des souvenirs qui ne réapparaissaient pas.
La colère le submergea mais il resta calme. A quoi bon, jamais il ne pourrait se rebeller contre le système. Système où il baignait depuis son enfance. Les nobles étaient devenus sa famille. Il leur devait obéissance.
Et comme toujours quand il sentait la solitude de ce monde cruel, ou lui-même n’hésitait pas à tuer, capturer, brutaliser, ce monde de bête, de férocité, de tromperie et d’impureté, quand ce monde semble perdu et qu’il faut en parler, qu’il faut pouvoir en parler à quelqu’un de confiance… Apollon savait où se tourner.
Il n’avait jamais été très « ami-ami » puisque de nos jours, la trahison faisait parti intégrante du quotidien, pourtant il y avait une personne en qui il avait  accorder cette confiance. Un traqueur lui aussi, c’est peut-être pour ça. Sans rivalité, sans tentions.
Il le chercha pendant longtemps, demandant même à un autre traqueur où pourrait se trouver le garçon qu’il cherchait.
Et finalement dans la ville, il le vit. Surement en mission mais peu importait, cela attendra. Aussi discret que le vent il passa derrière lui et lui attrapa le poignet sans ménagement pour l’entrainer avec lui sans un mot pour se retrouver dans un coin sombre et sans personne pour entendre leur conversation.
-    J‘ai vu quelqu’un que je n’aurais pas dû, Newt’! Lâcha t-il sans passer par quatre chemins.
Il reprit son souffle tant bien que mal, il faut dire qu’il avait presque courut depuis la maison de Warren sans s’arrêter. Les nobles allaient se fâcher mais les informations qu’il avait apprises sur lui-même et sur la société en général n’était pas facile à entendre.
Il jeta un regard insistant à son ami. Il jeta un nouveau coup d’œil à gauche et à droite pour être sûr de ne pas être entendu.
-    Les médicaments que je prends ne font pas que m’aider à maitriser mon pouvoir, ils me contrôlent, dissipent mes émotions et me font perdre la mémoire ! Je ne veux plus les prendre ais si les nobles l’apprennent, ils ne vont pas être content… Je veux leur être fidèle mais je ne veux plus perdre mes souvenirs… !
Il avait dit cela en reprenant à peine son souffle encore perdu par tout ce qu’il avait appris. Il se doutait bien que Newt’ ne pourrait rien faire mais il avait eu besoin de lui en parler, se sentir rassurer, il ne pouvait en parler à personne d’autre.


Après avoir rencontré une jeune fille arrogante et la cible qu’il cherchait, Newton était retourné dans la ville pour prendre l’air et pour réfléchir à ce qu’il venait de faire. Il avait juste laissé filer cette fille sans même la kidnapper comme il était censé faire. Il avait tout simplement échoué à son devoir et pourtant, ce qui le tracassait le plus, c’était ce qu’il allait manger le soir même. Après tout, personne ne l’avait vu épargner cette pauvre fille qui n’avait rien demandé et qui était juste née dans le mauvais camp.

Le brun passait donc en revue les boutiques du centre ville, silencieux et en pleine réflexion. Et alors qu’il allait enfin pouvoir commander ce qu’il convoitait tant - des pommes de terre et du poulet - une main lui agrippa violemment le poignet, ce qui le fit sursauter. Il suivit la personne qui lui intimait avec précipitation de le suivre. Il reconnut alors la touffe blonde d’Apollon. Ce garçon était aussi traqueur avec lui et ils s’entendaient plutôt bien. À vrai dire c’était la seule personne dont Newt ne se fichait pas parmi les chasseurs. Le feeling avait eu du mal à passer au début puisque le noiraud avait été froid comme à son habitude et finalement, il avait appris à s’ouvrir à son camarade. Ils se faisaient confiance mutuellement et il n’en doutait aucunement.

Quand il lâcha enfin sa main, Newt dévisagea son ami, silencieux, l’interrogeant simplement du regard, un sourcil haussé, l’autre froncé. S’en suivit un monologue durant lequel le brundinet avait sagement écouté, se massant la tempe du bout de l’index tandis qu’il pinçait sa lèvre inférieure avec ses dents.

- Euh ouais...? T’es en train de me dire que ces médocs t’empoisonnent ?
Il plongea son regard dans le sien puis il s’appuya contre le mur d’un bâtiment faisant parti de cette ruelle sombre. Finalement, il soupira et reprit :

- Pourquoi t’apprendrais pas à contrôler ton pouvoir ? C’est peut être le moment, maintenant. J’ai pas trop envie de te rappeler tous les quatre matins comment tu t’appelles, pour être honnête. T’as qu’à faire croire que tu les prends toujours et puis bah... en parallèle tu t’entraînes à maîtriser tes pouvoirs. Je pourrais t’aider si tu veux. Après... je sais pas si je serais très utile.

Il avait haussé les épaules, toujours aussi neutre, puis il passa une main dans ses cheveux de jais.

- Sinon je vois pas ce que tu pourrais faire d’autre.

Il avait beau réfléchir, pour lui la seule issue possible était sa proposition.


Apollon le fixa longuement. Newt’ avait dit cela comme si c’était simple. Il avait prononcé les mêmes paroles que Warren. Mais ce n’était pas si simple. Il s’adossa au mur d’une maison en grognant.
-    Je sais. C’est ce que je veux faire.
Le problème n’était pas là. Il n’avait JAMAIS désobéi. Il n’était pas sûr que Newt le comprenne. Apo était du genre à faire exactement ce qu’on lui demandait, sagement et docilement, sans réfléchir par lui-même. Alors que Newt était plus un grand… je m’en foutiste. C’est surement une des raisons pourquoi ils ne s’étaient pas vraiment bien entendu au début. Le brun faisait à peu prêt ce qu’il voulait. Un inconséquent fini. Non, vraiment, ils avaient que peu de choses en commun. Une bien drôle d’amitié, donc.
-    Mais ce n’est pas vraiment là qu’il est le problème… J’ai jamais désobéi comme ça moi. Et t’imagine si les scientifiques me contrôlent et qu’il découvre plus la moindre trace de médicaments dans mon organisme, pff…
Apollon passa une main dans ses cheveux blonds, presque paniqué. Trop de chose s’enchainait dans son cerveau qui redevenait de plus en plus lucide. Voilà presque une journée complète ou il n’avait plus repris ses médicaments et cela se ressentait. Il emmagasinait des émotions et stockait des souvenirs oubliés…
-    En plus la journée ça va encore, je pense pouvoir gérer mais je dois te rappeler ce qui est arrivé quand j’ai oublié de les prendre, ses médocs ? J’ai tué mon chat et la seule petite amie que j’ai eu… roh, la honte.. !
Il enfouit son visage dans ses mains. De toute façon, il avait plus le choix mais comment faire la nuit pour se maitriser… il devenait comme un somnambule et souvent les dégâts survenait aussitôt. Il respira longuement et jeta un nouveau regard brillant à Newton
-    Comment je vais faire un tel miracle… Enfin… je veux bien de ton aide, merci. Le gars que j’ai rencontré et qui m’a dit tout ça veut aussi m’aider. Pour de l’argent et il est super louche ! Et comment je vais faire pour mentir aux nobles…
Il cligna de ses yeux verts, relevant la tête pour fixer le ciel.


Newt se doutait bien que sa réponse ne suffirait pas à son ami. Il était bien trop préoccupé par la réaction des nobles, ce qui eut le don de profondément l’agacer. Le traqueur brun avait toujours fait passer sa liberté avant l’égoïsme de la société et Apollon était vraiment son contraire. Il ne vivait qu’eux et angoissait à la simple idée de manquer d’avaler des pilules. Exaspérant.

- Écoute Apo à un moment donné tu dois savoir prendre ton destin en mains. Tu veux arrêter de te faire manipuler ? Alors bouge. Tu t’en fous d’eux, faut pas que t’arrêtes de vivre pour eux.

Newt s’était approché de son camarade en posant ses mains sur ses épaules en plongeant profondément son regard dans le sien. Même s’il paraissait dur, il n’aimait pas voir le traqueur blond aussi mal. Il aurait aimé être plus utile mais il savait parfaitement que celui qui avait les cartes en main, c’était Apollon.

Il se rappelait également lorsque le drame était arrivé. Il n’était pas si proche du blond à cette époque mais il se rappelait bien évidemment d’un garçon plus ou moins ravagé par le remord et la tristesse. Finalement, Newt soupira avant de reprendre :

- T’as tué ton chat et ta copine ouais et alors ? Faut que t’arrives a passer au dessus de ça. C’est pas en ayant peur de toi même que t’évolueras. J’en ai tué des gens aussi, mais je m’y fait pour avancer, j’ai pas le choix. Et tu dois faire pareil.

Il esquissa ensuite légèrement un sourire dans le but de le rassurer, lui faisant une légère pichenette sur le front, taquin.

- Tant que je suis là, tu risques rien. J’te couvrirai.
Cependant une autre partie de son discours l’intriguait. Il avait haussé un sourcil, réfléchissant un instant.

- Un mec veinard ? Tu l’as rencontré où ? Fais gaffe à toi quand même. On sait pas ce qu’il veut vraiment. J’lui ferais pas hyper confiance, à ta place.

Il lui tapota ensuite l’épaule en souriant.

- Bah tu dis tout simplement que tu les as pris ! D’ailleurs... tu devrais me les donner. Comme ça, je les garde et si ça dérape, je te les redonnerai.

Il trouvait cette idée plutôt bonne. Comme ils étaient proches, Newt pourrait facilement lui rendre ses calmants rapidement. De plus, ils se faisaient confiance alors le blondinet pouvait être sur que son ami mentirait pour lui.

- J’te dis, tant que je suis là, t’es tranquille !

Enfin, il lui ébouriffa ses cheveux d’or, amusé.


Les paroles de Newt était dur. Il avait toujours eu cette honnêteté parfois très blessante quand on ne le connaissait pas. Mais il disait ça pour son bien et pour le faire réagir. Alors oui il avait raison…
Pourtant à sa deuxième phrase, alors que l’autre s’était rapproché avec une main rassurante sur son épaule et un regard profondément apaisant ;car oui, Newt avait un très joli regard qui avait le don de le calmer, il secoua légèrement la tête.
-    Je suis traqueur moi aussi, la mort fait parti de notre quotidien, j’ai aussi tué des gens. Mais les gens ou même, un animal… qu’on a pu aimer, c’est si dur… et si…et si je te tuais toi…
L’inquiétude passa un léger instant dans le regard du blond alors qu’il soutenait celui de Newt. C’est peut-être la tristesse de cette vie. Ne regretter qu’une infime partie des gens qu’il a tué. Les autres étant oublié dans les méandres de sa mémoire…infidèle.
Mais son ami savait être réconfortant et encouragent malgré la franchise de ses paroles. Des gestes qui font toutes la différence et un sourire. Apo savait très bien que Newt ne souriait pas comme ça à tout le monde. Il avait vu son comportement vis-à-vis des autres. En mission par exemple. Une attitude presque apathique ou robotique et il faisait ce qu’il voulait. S’il prenait quelqu’un en pitié, il le relâchait, sans un seul instant penser à des représailles venant des nobles.
Ils avaient fait quelques missions en duo. Notamment parce que, dans ce genre de moment, Apollon pouvait devenir une véritable machine de guerre et détestait devoir coopérer. Alors souvent ça finissait en dispute et une fois même il s’était battu avec un autre traqueur. Il aimait juste la solitude de ces moments. Ou Sa proie n’était qu’à lui. Sauf quand il s’agissait de Newt, lui, il l’écoutait.
Après sa phrase sur le mec bizarre rencontré, Apo haussa les épaules et marmonna simplement.
-    Il n’y a cas toi que je fais confiance, Newt.
Portant… de là à lui donner ses médicaments… Non pas qu’il doutait de son ami mais il ignorait s’il se sentait vraiment capable de s’en séparer. Il lui ébouriffa les cheveux en ajoutant toujours de manière rassurante. Alors Apollon esquissa un mince sourire, enfonça les mains dans ses poches et lui donna les boites de médicaments. Avec une certaine appréhension. Et si un noble remarquait qu’il ne se promenait plus avec aucun médicament.. ? Ces médicaments si dangereux… les scientifiques avaient créer une véritable arme pour maitriser un mutant et il avait joué le cobaye.
-    Merci. Je crois que je me sens un peu mieux. Enfin, j’ai relativement mal à la tête mais ça, c’est parce que je me suis entrainé toute la journée avec le mec bizarre pour essayer de maitriser mon pouvoir.
Car oui, être maitre de son pouvoir pouvait paraitre anodin pour un mutant, mais quand on prend des médicaments nocifs depuis l’enfance, cela devenait plus compliqué. Ces pilules endormaient toutes ses émotions pour calmer son pouvoir voir même le réduire alors une fois qu’il arrêtait de les prendre, le corps n’était pas habitué à tant d’motion endormi jusque là et son pouvoir se manifestait avec force. Il avait encore du boulot s’il voulait que personne ne le sache…


Newt s’attendait à ce que son ami lui réplique réticent, mais il ne s’attendait pas à ce qu’il se préoccupe de lui. Après tout, le brundinet avait toujours réussi à se débrouiller dans les pires moments et dès le commencement de son adolescence. Il voyait très bien les risques en lui retirant ses médicaments mais il n’avait pas peur. Il saurait gérer et s’adapter.

- Tu me tueras pas Apo. Fais moi confiance.

Lui assura-t-il alors que l’une de ses mains cherchait à se loger sur la sienne, se voulant rassurant.

Newt avait ensuite acquiescé calmement, content de voir qu’il avait réussi à persuader son ami. Il allait pouvoir goûter un peu à la liberté, rien qu’en rejetant ses médicaments.

- Fais gaffe tu deviens un p’tit rebelle maintenant !

Le brun ricana mais son rire se stoppa au moment même où il entendit Apollon évoquer l’inconnu qui l’avait aidé et entraîné. L’un de ses sourcils s’était froncé et il le dévisageait rempli de doutes.

- C’est qui ce gars ? Tu devrais me le montrer. J’lui fait pas confiance. Comme tu l’as très bien dit, il est super louche.

Son ton s’était un peu durci et il avait croisé les bras contre son torse. Il n’aimait pas l’idée que son ami se livre à un inconnu qui lui faisait payer son aide. Après tout, Newt n’aurait jamais fait payer quiconque simplement pour une aide. Et s’il se moquait de lui ? Et s’il profitait du blond ? Si c’était le cas, il se chargerait personnellement de le lui faire regretter. Apollon était tout simplement très important dans sa vie. Après le meurtre de ses parents, il avait été la seule personne avec qui il avait vraiment sympathisé chez les traqueurs et pour rien au monde il ne partagerait son camarade avec un fou.


L'attention et la gentillesse de Newt le toucha. Il ne le reconnaîtrait probablement jamais mais grace à lui, il pouvait être vraiment lui-même.
Si on lui avait dit un jour qu'il deviendrait aussi proche d'un garçon qui l'exécrait horriblement au debut.. il aurait bien ri!
Il réagit d'un grognement désinvolte à l'appellation de "p'tit rebelle" ah. Il en était bien loin. Parfois il réfléchissait à sa vie s'il n'avait pas tué ses parents. Il aurait été un rebelle, surement. Mais il n'aurait jamais rencontré Newt. Mais malgré ses nouvelles paroles rassurantes et pleines de certitudes, il avait très peur d'un jour lui faire du mal. L'idée le terrifiait.
Et puis l'attitude de son ami changea quand il parla de cet étrange individu qui faisait payer ses services. Il ne semblait pas méchant, au fond. Juste totalement indigne de confiance. Le genre à vous laisser crever sans remord pour sauver sa peau et à ne jurer que par le frique.
L'autre semblait sincèrement  s'inquiéter pour lui, Apo lui sourit.
- c'est un homme qui n'est pas méchant en soi, je dirais. Juste un perfide opportuniste. Il traine pas mal dans les sales quartiers. Il controle les émotions des gens, la raison pour laquelle il m'a aider à controle mon pouvoir.
Il le lui avait décrit car il avait tout bonnement oublié son nom. Sa mémoire lui jouait encore quelque tour.
Mais de toute façon, Newt ignorait de qui il s'agissait. Des types louches y en avait des tas de nos jours.
-je dois avouer qu'il m'a bien aidé. Mais ce genre de personne ne font ça que par profit. Je n'aurais pas dû aller chez lui, ce n'était pas prudent.
La main de Newt était toujours posé sur la sienne toujours dans cette optique de le rassurer. Son ami était vraiment quelqu'un qu'il ne supporterait pas de perdre..