Elriane Anairë, ou, la fille qui fait trois fois son âge !

HISTOIRE - Il existe deux versions de l’histoire d’Elriane. Celle qu’elle pense être vraie, et la vraie. Version d’Elriane : « Le monde extérieur a toujours été effrayant. C’est pour ça que papa et maman m’ont toujours forcée à rester à l’intérieur, mais moi, j’étais curieuse et je suis quand même sortie. J’avais trouvé le dehors laid, détruit, et j’ai pris peur. Lorsque ma mère a appris que j’y étais allée, elle m’a frappée puis m’a endormie à l’aide d’un produit bizarre que j’apprendrai plus tard être du tranquillisant. A mon réveil, j’avais cette arabesque sur mon visage. Je me suis alors promis de ne plus jamais y retourner. Pourtant, quand j’avais six ans, le vingt-trois avril à dix-huit heures douze précises, j’ai fait une nouvelle bêtise. Je ne connaissais pas les mutations à l’époque, j’avais été coupée du monde extérieur toute ma vie et ce pour le mieux. Je leur ai donc parlé comme je me souvenais de tout, je pensais que c’était normal, que tout le monde était comme ça. Je crois que ça leur a fait peur, et que le leur dire était une bêtise de ma part, car ils m’ont ensuite de nouveau droguée et je me suis réveillée dehors, dans un lieu inconnu, sans rien. J’ai vite compris que j’étais à l’extérieur, qu’on m’avait abandonnée, et que j’avais dû faire quelque chose de très mal pour qu’on me laisse ici. J’ai peur des gens qui m’entourent, je crois qu’ils me veulent du mal… (elle voit quelqu’un approcher et crie) AAAAAH JE SUIS DESOLEE JE SUIS DESOLEE ! Papa, maman… Je suis désolée, ne me laissez pas ici toute seule, j’ai peur, je suis désolée, je ne referai plus jamais de bêtises, alors laissez-moi rentrer… S’il vous plaît… »

Version du père : « Tout a commencé lorsque ma femme – ma première femme – est morte. J’étais en crise financière grave, et je pouvais à peine me nourrir. Pourtant, j’ai fini par rencontrer quelqu’un. C’était une jeune scientifique riche, qui cherchait un mari pour pouvoir enfin être libérée de l’emprise de ses parents sur elle. Nous nous sommes alors mariés, et elle a fini par tomber enceinte. C’était la troisième fois que j’allais avoir un enfant, mais je m’en fichais. La seule chose qui m’importait, c’était d’avoir un toit au-dessus de ma tête et de quoi me nourrir. Alors je l’ai laissé faire ce qu’elle voulait. Elle a vite transformé notre enfant en expérience, et lui a injecté au travers de son propre corps divers produits. Lorsqu’Elriane est née, elle possédait un œil violet, sans doute dû à l’une de ces fameuses injections. C’est alors que ma femme a décidé de lui interdire de sortir et de ne l’éduquer que le strict minimum. Elle créait une peur en elle pour voir comment elle viendrait à réagir. Je me demande aussi si ce n’était pas également une façon de conserver son cobaye…
Quoi qu’il en soit, un jour, la petite est sortie. Ma femme a été très intéressée par ce comportement, et a décidé de la punir pour voir si elle oserait refaire ce genre d’actions. Elle l’a ensuite endormie et lui a tatoué sur le visage une sorte d’arabesque. En fait, cette marque signifiait l’appartenance. Elriane resterait à jamais son cobaye, et c’était inscrit sur son front. Non pas que j’ai quelque chose à redire là-dessus, après tout, je n’ai et n’aurai jamais rien eu à voir avec l’enfant. On a vite remarqué que son corps grandissait beaucoup trop vite… Sans doute à cause des produits que lui avaient injecté ma femme. Et un jour, Elriane lui a demandé – je m’en souviens très bien – « Dis maman, à quoi ça sert, ces produits bizarres que tu me donnais quand j’étais petite ? ». Nous avons d’abord été très surpris – comment pouvait-elle savoir cela ? Puis nous avons compris qu’elle se souvenait absolument tout de ce qui arrivait. Sans exception. J’ai pris peur, mais ma femme non. En toute honnêteté, je n’ai jamais su si cette compétence se révélait être une mutation ou simplement une conséquence des manipulations génétiques effectuées sur elles – et je pense que personne ne le saura jamais. Le fait est que nous ma femme a décidé de camoufler cela et d’appeler sa fille mutante. Curieuse de ce qui lui arriverait, elle a décidé de l’envoyer dans le bidonville pour savoir si elle survivrait seule. Si ce n’était pas le cas, je pense qu’elle serait vite lassée et abandonnerait Elriane – pardon, son cobaye. De toutes façons, je pense que la phase de l’abandon est la dernière de sa série de tests. C’est pourquoi je ne pense pas revoir la gamine un jour. »